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Proposition de la FNEEQ, de la FPPU et de la FQPPU au regard de la privatisation dans l’enseignement supérieur

mardi 29 novembre 2016

INTERNATIONALE DE L’ÉDUCATION 10E CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR L’ENSEIGNEMENT POST-SECONDAIRE, SUPÉRIEUR ET LA RECHERCHE

Annexe I - Proposition de la FNEEQ, de la FPPU et de la FQPPU au regard de la privatisation dans l’enseignement supérieur

Nous souhaiterions proposer un débat sur le thème de la privatisation dans l’enseignement supérieur. Cette démarche s’inscrit dans la lignée du rapport sur la privatisation du 5e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE) de juillet 2007, qui réaffirme que « l’éducation n’est pas une marchandise et ne devrait pas être privatisée »2, et qu’elle devrait être exclue de tous les accords commerciaux internationaux.
2 Hidden privatisation in public education, Ball et Youdell, 2007, p. 4

Contexte

Le rôle de plus en plus important que joue le secteur des entreprises (privé, à but lucratif) dans l’éducation résulte directement du désengagement de l’Etat dans le financement de l’enseignement public – de l’éducation de la petite enfance à l’enseignement supérieur. Ce « définancement » met à mal la capacité des universités à mener des activités de formation et de recherche, accroît la charge de travail pour toutes les catégories d’employé(e)s et contraint les institutions à devoir diversifier leurs sources de financement. En conséquence, elles dépendent de plus en plus des frais de scolarité et des paiements annexes, des divers frais afférents aux services destinés aux étudiant(e)s, des fonds privés pour mener la recherche dirigée et des investissements visant plus à stimuler l’image commerciale des sociétés donatrices qu’à soutenir la production et la transmission du savoir, qui permettent pourtant de promouvoir le développement communautaire. Cette situation entraîne des conséquences considérables qui peuvent se résumer comme suit :

• Transformation de la relation entre l’Etat et l’université : désengagement, laissez-faire, « libre concurrence » entre les institutions ;

• Approche des gouvernements qui « invite et incite » les universités à diversifier leurs sources de financement (autorisant ainsi une plus grande influence du secteur privé, notamment dans les secteurs de la santé, du management, des sciences exactes et appliquées, etc.) ;

• L’omniprésence croissante d’une approche de « fondamentalisme managérial », directement inspirée par le nouveau système de gestion publique : disparition de la collégialité, centralisation des pouvoirs décisionnels et marginalisation de la communauté universitaire, augmentation du nombre de personnes externes dans les conseils d’administration, concurrence plus vive entre les universités au détriment de la coopération et de la collaboration, objectifs centrés sur les classements et les performances internationaux (nombre d’étudiant(e)s étrangers/ères) plutôt que sur les missions fondamentales relatives à l’éducation ;

• Fragmentation de la charge de travail : contractualisation et précarisation du personnel enseignant, des chercheurs/euses et des professionnel(le)s de la recherche ;

• Pression sur le modèle classique de « service enseignant-recherche-communauté », multiplication des statuts (dans le but d’augmenter la flexibilité de recrutement, embauche sporadique de spécialistes sous divers titres, coûts de ressources humaines plus faibles, droits de gestion, etc.), augmentation du nombre de tâches réalisées par les étudiant(e)s de cycle supérieur (financement intégré), non-remplacement d’enseignant(e)s titulaires après leur départ à la retraite, etc. ;

• La qualité de l’emploi des professionnel(le)s est principalement liée à la durée du financement, ce qui exacerbe leur précarité. Plus de 60 % des employé(e)s de cette catégorie sont des femmes ; et

• La privatisation accrue occulte de plus en plus « l’économie du savoir » au profit de la « rentabilité économique du savoir ». En promouvant une recherche dirigée et à but lucratif, nous nous exposons à des risques majeurs : ceux de lier trop étroitement les universités aux intérêts du secteur privé et d’éroder la fonction critique de l’éducation.

Conclusion

En résumé, nous nous élevons contre l’emprise du néolibéralisme, inspiré du modèle anglo-saxon. A la fin des années 1950, par exemple, on recensait aux Etats-Unis 75 % de professeurs de l’enseignement supérieur employé(e)s sous contrat permanent, et 25 % employé(e)s sous contrat occasionnel. A l’heure actuelle, c’est exactement l’inverse et de nombreux Etats assistent à l’avènement d’un nouveau mouvement qui a pour vocation d’abolir le statut de titulaire. Dans les années 1980, Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique, s’en était également prise à la titularisation. Cette façon d’envisager la gestion des ressources humaines – traditionnellement absente des universités – est la conséquence directe d’une vision globalisante et entrepreneuriale du monde. En faisant converger nos forces contre ces attaques concertées, une communauté universitaire internationale et unie pourrait contribuer à sensibiliser l’opinion, et à mettre un terme au démantèlement de la vocation et de la mission de nos universités. Qui mieux que la communauté universitaire peut défendre la cause de l’enseignement supérieur à l’heure où les dirigeant(e)s de ce monde ont rompu leurs engagements envers les travailleurs/euses, mais aussi envers les étudiant(e)s ?
Les représentant(e)s de la FNEEQ, de la FPPU et de la FQPPU – toutes affiliées à l’IE – souhaitent aborder la question de la privatisation des universités lors de la 10e Conférence internationale de l’IE sur l’enseignement post-secondaire, supérieur et la recherche, qui se tiendra du 14 au 16 novembre 2016 à Accra, afin de discuter et de débattre d’une réponse mondiale à apporter à la dérive néfaste du rôle des universités au Québec comme dans le monde entier. Cet exercice pourrait permettre d’identifier les éléments clés qui viendront alimenter les discussions et activités de ces prochaines années.

Sylvain Marois, Vice-président, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ)

Jean-Marie Lafortune, Président, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)

Bernard Gaucher, Président, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)


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