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tract SNTRS : le programme des mandarins pour l’Inserm !

lundi 29 octobre 2018

Le programme de Philippe Froguel : L’Inserm au service des féodalités mises en place par le Programme Investissement d’Avenir

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C’est une première dans le paysage de la recherche publique. Un candidat à la succession du PDG de l’Inserm a mené une campagne à l’américaine avec programme et démarchage. Ce programme, qui se réclame de l’action du Président de la République, consacre une rupture dans l’organisation de la recherche à l’Inserm.

Pour justifier ce programme, l’auteur part du constat de l’insuffisance d’efficacité du système de recherche. Inefficacité dont l’origine serait sa fragmentation et la part trop grande des moyens stérilisés dans les dépenses de personnel et de structure ! Ce qui freinerait la recherche translationnelle, la recherche clinique et thérapeutique et l’innovation !

La recherche fondamentale, la recherche libre, qui répond aux besoins de la connaissance, ne font pas partie des préoccupations de M Ph Froguel.

Il se réclame de la politique d’excellence du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA) pour bénéficier de ses financements. Cette manne financière du Commissariat Général à I’Investissement (CGI), décidée hors débat parlementaire, arrose des structures en dehors des organismes de recherche. Une fois labellisée par le CGI, ces structures ont une particularité qui constitue un avantage incommensurable pour ceux qui en bénéficient : elles ne sont pas évaluées, sans doute au nom de l’excellence.

Il ne vient pas à l’esprit de Ph Froguel que l’hyper fragmentation, pour reprendre sa terminologie, est le résultat d’une politique menée depuis le pacte pour la recherche de 2006 qui vise à obliger les scientifiques à travailler à la commande sur les objectifs des appels d’offre et à marginaliser les organismes de recherche par la multiplication des structures de pilotage.

Haro sur les organismes !

Ph Froguel ose écrire que ce qui gêne les collaborations et l’interdisciplinarité, ce sont « les conservatismes et les politiques isolationnistes et hégémoniques des organismes nationaux » qu’il rend responsables de la « médiocrité » de l’état des lieux qui serait la cause de la faiblesse des financements publics et privés.

Parler des politiques isolationnistes et hégémoniques des organismes nationaux ! Il faut le faire !

L’isolationnisme est antinomique de la recherche. Quant à l’hégémonisme, la politique des organismes nationaux de recherche est dépendante de celle des regroupements d’établissements d’enseignement supérieur sur le site.

Pour ce monsieur, il n’y a pas de problème de financements, l’argent est mal utilisé et ce sont les organismes qui en sont responsables.

L’auteur qui est professeur à l’Impérial Collège de Londres s’inspire, il le revendique, de l’organisation anglaise de la recherche pour refonder l’Inserm.

Nous savons que l’Angleterre est un exemple, si l’on peut dire, en matière de dérégulation.

Il s’agit de repenser l’Inserm et au-delà de refonder la recherche médicale ni plus ni moins.

L’Inserm doit se réduire à un instrument de coordination et de validation des recherches menées ailleurs que dans ses laboratoires.

Pour ce faire, il propose de faire l’état des lieux de la recherche en mesurant l’impact et la visibilité de chaque institution, en mesurant son score bibliométrique obtenu en multipliant la note moyenne de chaque chercheur par le nombre de chercheurs.
L’avantage de cette façon de procéder c’est de remplacer les instances d’évaluation scientifique par un tableau Excel.

Dans une belle envolée lyrique, il affirme qu’il répondra à la frustration des membres des CSS, réduites à des simples jurys d’embauche et de promotion, et à celle des membres du CS. Mais nous n’en saurons pas plus. Il ne parle pas de revoir le nombre et le périmètre des CSS, de ramener le nombre de représentants d’élus de la communauté scientifique à 2/3 au lieu de la moitié actuellement, de redonner au CS ses prérogatives en matière de prospective scientifique.

Elitisme et dérégulation

Histoire de complexifier un peu plus le système, l’auteur propose de créer des centres hospitaliers d’excellence scientifique couplés à des universités de recherche afin de développer … la recherche clinique. Dans ces « super pôles d’excellence » seraient créés des « emplois prestigieux de médecins chercheurs translationnels et cliniques d’un type nouveau rémunérés à la fois par l’Inserm et les CHU de recherche ou par l’Inserm et l’université de recherche ». Ces Directeurs de Recherche-Praticiens Hospitaliers (DR-PH) auraient la charge de développer une recherche clinique de niveau mondial dans les services hospitaliers. Les salaires des médecins chercheurs, dont le sien, seraient déterminés par l’excellence et la nature du programme de recherche.

Affaiblir l’Inserm

L’Inserm doit être repensé. Rien que cela ! Cette redéfinition de l’Inserm passe par sa participation active à la réforme de la recherche hospitalière qui doit se traduire par déterminer les nouvelles missions de l’institut, son périmètre de compétence et son plan stratégique, le tout se concluant par « un contrat d’objectifs et de performance beaucoup plus ambitieux que celui en cours d’exécution ».

L’exemple du Medical Research Council britannique sert de référence à Ph Froguel. Cette institution est une agence de moyens et un opérateur au périmètre limité.

L’auteur fait deux propositions  :

1°) Créer un Institut de la recherche sur la santé regroupant l’actuel Inserm, les équipes de recherche médicale du CNRS et du CEA. Mais cette proposition est surprenante venant de celui qui reproche aux organismes nationaux de recherche d’être hégémoniques !

2°) Un Inserm ayant un nombre réduit d’UMR qui « devront répondre à des critères exigeants de qualité et de productivité. ». Sans doute que les critères actuels ne semblent pas suffisamment exigeants pour l’auteur. C’est cette seconde proposition qui a sa préférence.

Réduire le nombre d’unités et les effectifs

Ph Froguel ose écrire « Il y aurait moins d’Inserm mais « du meilleur Inserm  » (politique des « premiers de cordées, si chère à E Macron). C’est gentil pour ceux qui ne seront plus labellisés. En réduisant le périmètre de l’Institut, Ph Froguel veut récupérer des marges financières pour… mieux piloter le système.

Pour les personnels des unités délabelisées, il demandera à l’administration d’agir de manière empathique. Merci ! Ce qui ne veut pas dire grand-chose pour les personnels obligés de se trouver un point de chute le plus souvent très éloigné de leurs domiciles en particulier hors région parisienne.

Tout pour les médecins, rien pour les personnels

Emporté par son élitisme, Ph Froguel ne craint pas d’écrire que « l’Inserm doit avant tout être le lieu où les meilleurs veuillent travailler durablement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui du moins pour les médecins qui sont de moins en moins nombreux à rejoindre l’Inserm ».

Le monde médical est ainsi l’objet de toutes les attentions de la part du candidat à la Direction de l’Inserm, c’est normal pour Ph Froguel, c’est le haut du panier en termes d’excellence.

Néanmoins, il lui est difficile de ne pas parler des chercheurs. Dans le cadre de réforme de la Fonction publique du Président de la République, il leur propose des contrats de 5 ans sous forme de chaires d’excellence sans garantie de recrutement dans les super pôles d’excellence cités plus haut. A l’issue des 5 années, ils pourront postuler pour un poste de CRHC ou de DR (bonjour la confusion !) ou de PU-PH ou de DR-PH ou … créer leur entreprise ou passer dans l’industrie. Les super-pôles de recherche devraient être autonomes pour recruter non seulement leurs chercheurs pour 5 ans mais aussi les ingénieurs et techniciens pour mettre en œuvre le programme de ces chercheurs.

Pour les Ingénieurs et techniciens, le candidat PDG n’a pas un mot. Ils ne font pas partie du cénacle des gens excellents sinon exceptionnels que sont les décideurs (les premiers de cordée). Sa seule pensée va aux élites, aux leaders, à ceux qui en plus d’être excellents sont … exceptionnels ! Les chercheurs n’ont d’intérêt que s’ils sont médecins !

Nous ne détaillerons pas le florilège de promesses et propositions du Ph Froguel, ce serait fastidieux.

Il demande avec emphase un nouveau contrat moral du monde de la recherche médicale avec la nation. Rien de moins !

Il écrit « Il faut conclure un contrat clair et enthousiasmant entre chercheurs, leurs équipes et la nation : si les personnels de recherche doivent être mieux considérés et mieux soutenus, ils doivent remplir pleinement leurs missions en matière de santé publique, de progrès médical et de soutien aux politiques publiques, contribuer au développement économique du pays et bien évidemment rendre des comptes en la matière »

M Froguel, la considération par l’Etat des personnels de recherche passe par la revalorisation des carrières et des rémunérations, sinon, ce n’est que des mots, du bla-bla !

La recherche la grande oubliée de son programme

Quant à leurs missions Ph Froguel en oublie une … la recherche. Et oui, les scientifiques, pour pouvoir faire de la recherche, doivent en avoir les moyens financiers (c’est à dire qu’ils ne doivent pas passer la quasi-totalité de leur temps à courir après les demandes de contrats et en justifier l’utilisation avec le flicage des feuilles de temps). La recherche publique doit être libre, ce qu’elle n’est plus depuis création de l’ANR et de l’AERES/HCERES.

M Froguel, les scientifiques sont des créateurs, ils n’ont pas à être vassalisés à la camarilla d’un groupe mandarins dont vous êtes le représentant.

Vous affirmez avec grandiloquence que « Pour se refonder et réussir, l’Inserm a besoin d’un scientifique de niveau mondial, d’un leader fédérateur, charismatique et visionnaire empathique et proche des personnels ». Vous faites vraisemblablement allusion à votre personne. Restez humble, M Froguel !

Ce que vous voulez M Froguel, et ceux dont vous êtes le porte-parole, c’est un Inserm affaibli au service de ceux qui dirigent les entités créées et financées par le Programme d’Investissement d’Avenir.

L’Inserm est un Institut reconnu internationalement par la qualité de sa recherche biomédicale. Il doit être l’organisme national structurant la recherche biomédicale et en santé du pays. Il ne doit pas être mis au service des féodalités mises en place par les Programmes d’Investissement d’Avenir. Votre programme nous ramènerait 54 ans en arrière avant la création de l’Inserm.

Ce dont a besoin l’Inserm et ses personnels pour développer une recherche biomédicale de qualité ce n’est pas encore plus de dérégulation, c’est au contraire une augmentation très conséquente des crédits récurrents, d’une politique d’embauche de chercheurs et d’ingénieurs et techniciens sur statut, d’une revalorisation des carrières de l’ensemble de ses personnels et de leur rémunération et des instances d’évaluation scientifiques qui permettent à la communauté scientifique d’intervenir dans les orientations scientifiques.


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